Les guêpes au Québec

Les guêpes sont méconnues et, de ce fait, inquiétantes. Notre philosophie, chez Boisvert Gestion Parasitaire, est de vous informer afin de vous aider à relativiser les dangers et à prendre les bonnes décisions, accompagnées des bons comportements.
En premier lieu, il importe de savoir que le terme guêpe englobe plusieurs insectes dont beaucoup ne sont pas nuisibles. Certaines (guêpes parasitoïdes) sont même utiles pour nous aider à contrôler les populations d’autres insectes.
En ce qui a trait à l’identification, il faut évidemment être en mesure de distinguer les abeilles des guêpes. Comme une abeille et une guêpe peuvent toutes deux se présenter dans différentes teintes de jaune, blanc, brun ou noir, parfois d’une seule teinte et parfois bicolores, la couleur n’est pas un bon critère d’identification. Un moyen plus sûr est de regarder l’abdomen de l’insecte, qui sera distinct du torse et lisse chez la guêpe, alors que le corps de l’abeille est trapu et poilu. Fait à noter, la langue de la guêpe est trop courte pour butiner et elle ne possède pas les organes nécessaires pour récolter le pollen. Ainsi, peu de chances que l’insecte tournoyant autour de vos fleurs soit une guêpe.
Avant de sauter aux conclusions et de déclarer que les guêpes ne sont pas utiles puisqu’elles ne peuvent pas participer à la pollinisation, sachez qu’elles remplissent deux autres rôles importants dans un écosystème urbain ou rural. D’abord, elles chassent les mouches et les chenilles pour nourrir leurs larves, ce qui contribue au contrôle de ces insectes. Ensuite, elles servent elles-mêmes de proies aux petits mammifères, aux oiseaux et aux araignées, ce qui contribue à l’équilibre des écosystèmes.
Attaquons maintenant le sujet chaud : quels sont les réels dangers de côtoyer des guêpes et comment s’en protéger. En connaissant mieux leurs comportements, il devient facile de prédire leurs actions.
Sachez d’abord qu’il existe plusieurs espèces de guêpes dites solitaires, qui ne possèdent pas de dard ou dont le dard est inutilisé. Ceci comporte les guêpes fouisseuses, pompiles et maçonnes, ainsi que certains insectes qui portent le nom de guêpe mais n’en sont pas réellement (guêpes à galles, guêpes parasitoïdes).
En ce qui concerne les guêpes sociales (vivant en colonies et fabriquant un nid), elles sont plus à craindre, de par leur habilité à piquer, et ce, parfois plus d’une fois, à l’aide de leur aiguillon dépourvu de harpon (ce qui, contrairement à l’abeille, ne fait pas en sorte que le dard reste pris dans notre chair et déchire du même coup l’abdomen de l’insecte, le condamnant ainsi à mort).
Voici donc comment se protéger de telles guêpes. La première chose est d’effectuer une inspection de votre terrain et de vos bâtiments en début de saison (début de l’été). Les nids des guêpes sociales sont faits de papier et sont facilement reconnaissables. En début de saison, le nid sera si petit, et les guêpes, si peu nombreuses, que vous pourrez détruire le nid sans difficulté ni danger, en fin de journée de préférence. Une fois un nid plus établi, cette tâche nécessitera l’intervention d’un professionnel ou de la tolérance jusqu’au mois de novembre, alors que le nid sera déserté. On suggère aussi de tolérer la présence d’un nid s’il est situé loin d’une zone fréquentée par vous et vos enfants.
Certains comportements sont aussi à intégrer dans votre routine pour éviter les contacts inutiles avec les guêpes.
En début de saison, elles recherchent de la nourriture protéinée pour nourrir leurs larves. On recouvre donc les grillades lors de repas extérieurs et on évite de laisser dehors un bol de nourriture pour les chats du voisinage.
Les guêpes recherchent aussi les aliments sucrés, même si elles ne butinent pas. On recouvre donc les breuvages et on évite les parfums et produits d’hygiène fruités. Il convient aussi de ne pas laisser les fruits tombés de notre arbre fruitier (pommier, poirier, prunier, etc.) pourrir au sol.
Conseil valide dans tous les cas, y compris dans la gestion d’autres espèces telles les ratons-laveurs, souris, rats, etc., il convient de toujours entreposer les poubelles dans des contenants fermés et placés à l’écart de votre bâtiment. Autre conseil valide pour se protéger de plusieurs dangers : éviter de marcher pieds nus à l’extérieur, que ce soit dans le gazon, les herbes ou le sable.
Voici maintenant quelques conseils pour cohabiter avec les guêpes. En premier lieu, on essaye d’éviter de trop s’approcher d’un nid, car on pourrait ainsi susciter une réponse défensive de la part des ouvrières. En second lieu, si une guêpe est en quête de nourriture et nous tourne autour, on reste calme et on ne la chasse pas avec des gestes brusques.
Lors de grands rassemblements, certaines personnes utilisent un piège à guêpes, mais il faut respecter certaines contraintes afin de ne pas amplifier le problème. Ainsi, on placera le piège à l’écart des gens, car les appâts augmentent le trafic de guêpes. Il faut aussi savoir qu’il est important de ne pas utiliser un appât sucré, qui piègera les abeilles, mais bien un appât protéiné (comme de la nourriture pour chat mouillée). Il faudra aussi veiller à n’utiliser cette méthode que de manière ponctuelle, pour ne pas favoriser l’implantation d’une colonie à proximité de notre lieu de rassemblement.
En cas de piqûre, il importe de désinfecter la plaie et de consulter un professionnel de la santé si l’on est inquiet pour les allergies ou pour l’ampleur de l’enflure. Par contre, il est intéressant de connaître certains remèdes insoupçonnés. En effet, comme le venin des guêpes est constitué de protéines, il sera inactivé par la chaleur ou l’acidité. Ainsi, en approchant le lieu de piqûre d’une source de chaleur (entre 50 et 55 °C, soit de l’eau chaude du robinet) ou en appliquant du jus de citron ou du vinaigre, on peut réduire l’efficacité du venin. Le froid vient ensuite réduire l’inflammation et la douleur pour notre propre confort, mais n’est pas un moyen de lutte contre le venin.
L’ultime recommandation, lorsque vous êtes aux prises avec des questions ou un problème de guêpes, est de résister à la tentation de vous procurer des produits vendus en quincaillerie. Ces derniers ne seront pas adaptés à vos besoins, et les impacts d’une mauvaise utilisation seront grands sur l’environnement et votre santé. Nous vous encourageons fortement à nous appeler, car nous pourrons vous aider à mieux juger de la situation et de la bonne solution.

 

Par: Marie-Joëlle Touma

-Biologiste et contrôle qualité chez Boisvert Gestion Parasitaire inc